Bien loin de la mégalomanie délirante d’Axl Rose, toujours accroché à la franchise Guns’n’Roses, le guitariste se cache toujours sous sa sombre tignasse, pour un bon gros blues rock, nourri au grain, bien costaud, viril et correct. Une pointe de nostalgie est l’agréable émotion de ce plaisir coupable.
Il est la star de tous les apprentis rockeurs. Il a inventé quelques riffs qui font vibrer les foules. Il fut le renouveau absolu du guitar hero à la fin des années 80. Il est pourtant toujours resté discret, vivant sa passion pour le rock’n’roll sans trop faire de vagues. Slash porte son fameux chapeau, des lunettes de soleil, fume des clopes et abuse des excès de la vie de rockeur mais reste tout d’abord un sacré guitariste californien.
Il en fait trop. Mais on l’aime aussi pour ça. Depuis son départ de Guns’n’Roses, il a participé à d’autres groupes, collaboré avec pas mal d’artistes et fabriqué des albums solos plus ou moins habiles. Ce troisième essai est le bon. Les trentenaires qui ont grandi en écoutant les Use Your Illusion vont adorer. Slash, artiste savant, a retrouvé la formule de ce gros rock californien, mélange grossier mais sucré entre blues et heavy.
Les riffs ardents, la voix qui couine, des rythmes barricadés, tout y est pour nous faire revivre quelques moments mélomanes de l’adolescence. C’est très marrant mais surtout aucun cynisme ne transpire de ce World on Fire. Slash fatigue ses six cordes avec la même passion, le même élan: il poursuit sa quête du riff immortel, dépassant les modes et le temps.
Alors son disque, à l’image de sa pochette, est un fourre tout entre blues corrosif, ballades électriques et heavy euphorisant. C’est assez régressif mais la conviction de l’auteur impressionne encore. On dirait un grand gamin qui découvre toujours et encore son jouet préféré. Il met encore le feu à sa guitare. Il se rappelle à notre bon souvenir. C’est sans nuance mais vraiment touchant.
Roadrunner records – 2014