Non sérieusement les gars, qui a glissé un vieux disque dans la pochette d’Ala.Ni, sur ma pile de nouveautés? C’est rigolo mais bon ce n’est pas très sympa pour cette petite Londonienne qui pousse la chansonnette comme une ancienne star de comédies de Broadway?
Bon au début, on se demande vraiment si quelqu’un n’a pas fait une blague et inséré un disque de Judy Garland dans la pochette de You & I. Chez Ala.Ni, les références sont hors du temps, hors des modes, hors compétition. Avec une vision dans le rétro très poussée, cette choriste de Damon Albarn ne ressemble à personne et c’est tant mieux pour nous.
Car elle ressuscite un charme et un style que l’on avait oublié. Il y a chez elle une fausse naïveté dans ses courtes chansons, chaloupées et finement écrites. C’est tout simplement incroyable comme elle réussit à nous faire remonter le temps, sans perdre de sa personnalité.
Parce qu’elle aime visiblement les grandes dames du jazz et les stars de Broadway, Ala.Ni s’affirme avec passion sur des mélodies douces et amères en même temps. Elle remonte à contre courant les rythmes désuets pour y trouver une certaine vérité, pour ne pas dire une vraie humanité. C’est touchant.
Elle nous transporte à une époque où les music-hall étaient les scènes artistiques. Où la féminité était subtile. Où la musique voulait nous consoler du monde brutal. Ala.Ni nous protège donc en quelques morceaux lancinants de tout ce qui nous fait peur et de ce qui nous veut du mal. A la différence de Lana Del Rey, c’est qu’elle ne prend pas la pause, ne s’obstine pas dans un personnage décalé. La sincérité glisse sur toutes les notes de musique.
Le folk et le jazz se mélangent parfaitement pour que la belle s’épanouisse sur un album pas si sage qu’il en a l’air. Parce que les parents viennent de Grenade, elle s’acoquine avec des airs de Calypso. C’est calme mais diablement sexy. Elle avait sorti 4 EP à chaque saison l’année dernière; 2016 s’ouvre un mois de janvier teinté d’amour et de sérénité.
Le charme est rompu en fin d’album par quelques variations contemporaines mais avant cela, Ala.Ni prouve qu’elle a quelque chose de très particulier et qu’on est bien pressé de la revoir, l’entendre à nouveau, savoir comment elle va gérer cette résurrection de toute une époque en quelques morceaux.
No Format – 2016